dimanche 20 avril 2025

Résistance et Collaboration dans nos arbres généalogiques

 

La Seconde Guerre mondiale a gravé des sillons inéffaçables dans le paysage européen, et les familles portent encore aujourd'hui les stigmates de cette période tumultueuse. Si l'histoire officielle retient les noms des grandes figures de la Résistance et de la Collaboration, qu'en est-il de nos aïeux, ces hommes et ces femmes ordinaires qui ont vécu ces années sombres ? Nos grands-pères ou arrière-grands-pères ont-ils rejoint les rangs d'un réseau clandestin ? Pourquoi notre grand-oncle a-t-il été incarcéré à la Libération ? Notre grand-mère a-t-elle ouvert sa porte à des clandestins au péril de sa vie ? Ou, au contraire, un membre de notre famille a-t-il fait le choix de la Collaboration, par conviction idéologique ou par opportunisme ?

Autant de questions qui hantent parfois les généalogistes d'aujourd'hui, désireux de reconstituer la vérité historique de leur propre famille, particulièrement à l'approche du 80e anniversaire de l'armistice. Mener l'enquête sur ces zones d'ombre n'est pas une mince affaire. Il faut avancer avec prudence, rigueur et une bonne dose d'empathie, car on touche ici à des blessures encore sensibles, à des secrets bien gardés, à des choix qui ont façonné des destins. De plus le généalogiste amateur ne cherchera de ces côtés que poussé par un soupçon, une légende familiale ou un élément étrange retrouvé dans un grenier...

Une recherche délicate, entre histoire et mémoire

Avant de se lancer tête baissée dans les archives, il est crucial de prendre la mesure de la complexité du sujet. La Résistance et la Collaboration ne sont pas des blocs manichéens, en blanc ou noir, mais des ensemble nuancés, faits de courage et de compromissions, d'idéalisme et de calculs. La mémoire familiale, quant à elle, est une matière instable et mouvante, souvent façonnée par le temps, les non-dits et les arrangements. Les faits de résistance ou de collaboration sont parfois cachés, minimisés, voire travestis par les récits familiaux. Le silence, qu'il soit imposé ou consenti, est une réponse fréquente aux traumatismes de la guerre et aux jugements moraux qu'elle a suscités. Le pauvre généalogiste amateur se retrouve donc à la croisée des chemins, entre l'histoire et la mémoire, et doit naviguer avec une extrême précaution. Le respect des personnes encore vivantes, la vérification scrupuleuse des sources et une éthique irréprochable qui doit guider chaque étape de la démarche compliquent les recherches qui ne sont déjà pas faciles.

Et surtout, il faut résister à la tentation de juger, dans les deux sens, d'ailleurs... Je n'ai pas plus le droit de me vanter d'un acte de résistance posé par ma grand-mère que de médire du grand-oncle collaborateur. Car même si je retrouve des traces des faits, je ne dois pas prétendre expliquer, justifier les raisons de ces actes. Il ne s'agit pas de glorifier ni de condamner. Ni les actes passés de mes ancêtres ni leurs raisons profondes ne changeront qui je suis, de toute manière, mais ce que je cherche, c'est d'éclairer un peu la période. En fait, je trouverais, peut-être, la confirmation d'un fait de résistance pour un ancêtre, la confirmation d'actions de collaboration pour un autre, et au milieu et autour, des ancêtres ordinaires, dont on ne sait plus rien de spécifique sur ces sujets, qui ont juste essayé de survivre et de sauver leurs enfants.

Les enjeux :
Le secret familial : La Seconde Guerre mondiale a laissé des héritages contrastés dans les familles. La fierté d'un ancêtre résistant a pu être longtemps dissimulée par pudeur ou par crainte des représailles. À l'inverse, la honte d'une collaboration familiale a pu conduire à un silence assourdissant, à des pans entiers de l'histoire familiale effacés des mémoires. Le généalogiste doit être prêt à affronter ces secrets, à les dénouer avec tact et sensibilité.
La subjectivité des récits : Les témoignages familiaux sont précieux, mais ils doivent être pris avec des pincettes. Le « résistant de la dernière heure », celui qui a rejoint la Résistance à la Libération pour bénéficier des avantages, existe dans certaines mémoires. Tout comme le « fonctionnaire zélé », celui qui a servi l'occupant sans conviction idéologique, mais par simple opportunisme. Le travail du généalogiste est de démêler le vrai du faux, de confronter les récits aux documents d'archives.
La justice d'après-guerre : L'épuration, cette période trouble qui a suivi la Libération, a été marquée par des règlements de comptes, des injustices et des excès. Les archives judiciaires doivent être interprétées avec prudence, en tenant compte du contexte passionnel de l'époque. Une condamnation pour collaboration ne signifie pas forcément une culpabilité avérée, et un acquittement ne prouve pas toujours l'innocence.

Peut-être aussi faut-il accepter d'arrêter ou de mettre en pause des recherches qui semerait la zizanie dans la famille, ou de les taire... Chacun trouvera le chemin qui lui paraitra le meilleur. Je ne peux que vous suggérer ici d'écouter votre coeur.

 

 

Les indices à rechercher dans la mémoire familiale

Avant de se lancer dans les dédales des archives, il est essentiel de commencer par explorer la mémoire des vivants. Les récits familiaux, souvent sous-estimés, peuvent receler des indices précieux, des pistes à explorer. Il faut interroger les anciens, recueillir leurs souvenirs, même les plus fragmentaires. Chaque détail, chaque anecdote peut être une clé pour ouvrir une porte sur le passé.

Questions à poser :
A-t-on évoqué dans la famille un internement, une période d'emprisonnement, un « engagement » particulier pendant la guerre ? Ces termes vagues peuvent masquer une réalité plus complexe, qu'il faudra creuser.
Y a-t-il eu dans la famille une arrestation, une déportation, un départ précipité et inexpliqué ? Ces événements traumatiques laissent souvent des traces indélébiles dans les mémoires familiales.
Existe-t-il des objets anciens qui pourraient témoigner d'un engagement dans la Résistance : un brassard FFI (Forces Françaises de l'Intérieur), un insigne de réseau, des lettres censurées, des documents clandestins ?
Des décorations militaires (Croix de guerre, Médaille de la Résistance, etc.) ont-elles été remises à un membre de la famille ? Ces distinctions officielles peuvent être une preuve tangible d'un engagement résistant. Il faut suivre ces pistes.
L'adresse d'un ancêtre coïncide-t-elle avec un lieu de cache, un repaire de résistants, ou au contraire, avec un lieu connu pour avoir été un siège de la Collaboration ? Là, c'est beaucoup plus difficile ! Quelques uns de ces lieux sont documentés, mais la grande majorité ne l'a pas été... et on comprend pourquoi !

Dans une famille belge, une vieille boîte contenant des objets hétéroclites dormait au fond d'un tiroir. Un arrière-petit-fils, l'a ouverte par erreur et y a découvert un insigne oublié, en tissu noir. Un lion jaune dans des triangles rouge et jaune, ça vous dit quelque chose ? Cela a piqué sa curiosité. En partant de ce petit indice, il a découvert qu'il s'agissait de l'armée secrète, a entrepris des recherches et a pu reconstituer l'engagement de son arrière-grand-père dans un réseau de résistance wallon. Il a découvert un homme courageux, qui avait risqué sa vie pour la liberté, et dont l'histoire était restée jusqu'alors inconnue de sa propre famille.

Il y a aussi ce cas poignant : un homme convaincu que son grand-père avait été fusillé par les Allemands comme résistant, selon une tradition familiale solidement ancrée. En consultant les archives de Vincennes, il découvre que son aïeul a bien été arrêté… mais pour trafic de faux papiers. Rien ne prouvait une implication politique. Puis, en élargissant la recherche, il tombe sur un dossier judiciaire dans les archives départementales : son grand-père aurait profité du marché noir pour s’enrichir. La légende familiale s’est écroulée, mais a laissé la place à une vérité plus complexe, moins héroïque mais finalement plus crédible.

Inversement, combien de résistants silencieux, jamais décorés, jamais reconnus ? Certaines familles ignorent complètement les actions de leurs aînés. Une lectrice du blog m’a raconté qu’elle avait découvert l’implication de sa grand-tante dans un réseau d’exfiltration à Marseille en tombant, par hasard, sur un témoignage dans une biographie régionale. Cette grand-tante n’avait jamais rien dit, ni laissé de traces. Et pourtant, elle avait risqué sa vie plusieurs fois. Ces découvertes redessinent l’arbre familial avec émotion.

 

 

Les archives de la Résistance : où chercher ?

On peut facilement comprendre que les résistants ne laissaient pas forcément de traces dans les papiers officiels. L’engagement dans les réseaux se faisait dans la clandestinité, sous faux nom, souvent sans laisser de documents personnels. Pourtant, plusieurs sources permettent aujourd’hui de reconstituer ces parcours. Il faut souvent croiser différentes sources pour obtenir des certitudes. En fait, je ne vous cache pas que c'est particulièrement compliqué, et que la lecture de mon modeste article ne pourra pas, collègue généalogiste amateur, vous transformer directement en spécialiste de la période. Savoir où chercher n'est que le premier pas...

En France :

Le Service Historique de la Défense (SHD), à Vincennes : Le SHD est la principale source d'archives sur la Résistance. Il conserve notamment :
- Les dossiers individuels de résistants (série GR 16 P) : Ces dossiers, constitués après la guerre pour l'attribution du statut de résistant, sont accessibles sur demande motivée, et permettent d'obtenir des témoignages, fiches de renseignements, actes d’arrestation ou même décorations posthumes. Prenons le cas de Madeleine D., institutrice en zone sud, arrêtée par la Gestapo à Lyon en 1944. Sa petite-fille a retrouvé, après des années de silence familial, son dossier de résistante dans les fonds GR. Il contenait des lettres de son réseau FTPF, une déclaration d’un ancien camarade de combat, et la copie de sa médaille de la Résistance attribuée à titre posthume. Ce genre de découverte bouleverse une généalogie : elle redonne chair à un nom, à une rumeur de famille.
- Les fichiers d'homologation FFI : Ces fichiers recensent les membres des Forces Françaises de l'Intérieur, qui ont unifié les différents mouvements de résistance à partir de 1944.
- Les documents militaires et les dossiers de décorations : Ils permettent de retrouver les distinctions obtenues par les résistants.
Conseil Généatique : Si votre ancêtre résistant utilisait un pseudonyme, créez une fiche distincte dans votre logiciel de généalogie, en précisant son identité civile et son identité « résistante ». Cela vous permettra de mieux organiser vos informations.

Les Archives départementales : Elles peuvent conserver des documents relatifs à la Résistance au niveau local :
- Les dossiers d'arrestation : Ils permettent de retracer le parcours des résistants arrêtés par les autorités d'occupation ou par la Milice.
- Les jugements d'après-guerre : Ils concernent aussi bien les affaires de collaboration que les exactions commises pendant la Libération.
- Les fonds spécifiques (comme le Comité départemental de libération) : Ces fonds peuvent contenir des procès-verbaux de réunion, des rapports d'activité, etc.

La base Léonore, de la Légion d'honneur : Certains résistants décorés de la Légion d'honneur figurent dans cette base de données. On y trouve parfois des notices biographiques détaillées, qui peuvent apporter des informations complémentaires.

Mémoire des Hommes : Ce site Internet du ministère des Armées propose plusieurs bases de données utiles, accessible directement depuis Généatique par un clic droit sur la personne, puis en choisissant Autres recherches et Recherches Internet :
- Base des Morts pour la France : Elle permet de retrouver les militaires et civils décédés pendant la guerre, y compris les résistants tués au combat ou exécutés.
- Registres de déportation : Ils recensent les personnes déportées vers les camps de concentration nazis.
- Fichiers des fusillés et exécutés : Ils concernent les personnes condamnées à mort par les tribunaux militaires allemands.

On remarque que les victimes de la répression allemande sont souvent mieux documentées que les survivants. Il ne faut pas non plus négliger les archives locales : les archives départementales ont parfois des listes de maquisards, des rapports de police de l’époque, ou même des journaux clandestins mentionnant des faits de résistance.

 

 

En Belgique :

Les Archives de l'État en Belgique : Elles conservent de nombreux documents relatifs à la Seconde Guerre mondiale :
- Les dossiers de reconnaissance de la résistance : Ils concernent les membres des différents mouvements clandestins belges (Armée Secrète, Partisans, Front de l'Indépendance, etc.).
- Les documents relatifs à la répression allemande : Ils proviennent des services de la Gestapo et des autres organes répressifs de l'occupant.

Le CegeSoma (Centre d'Étude Guerre et Société) : Ce centre de recherche spécialisé dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique conserve des fonds d'archives importants :
- La base de données « Belgian War Dead » : Elle recense les Belges décédés pendant la guerre.
- Les archives des mouvements clandestins : Elles comprennent des publications, des rapports, des témoignages, etc.
- Les rapports sur les actions de résistance : Ils décrivent les sabotages, les attentats, les opérations de renseignement, etc.
Astuce : Pour les recherches dans les archives belges, pensez à utiliser les noms de famille et les prénoms en flamand et en français, car les documents peuvent être rédigés dans les deux langues. Cela vous évitera de passer à côté d'informations importantes.

 

Et il ne faut pas oublier les sources militaires : les registres matricules sont parfois mis à jour jusqu’en 1945, et mentionnent parfois des faits exceptionnels : désertion, blessures, citations, emprisonnements. Les journaux de marche des unités militaires françaises ou allemandes, conservés au SHD, peuvent aussi éclairer des épisodes locaux.

Au-delà des archives publiques, plusieurs associations d’anciens résistants ont conservé des fichiers. Le Mémorial de la Résistance, le Musée de la Résistance nationale à Champigny, ou encore les sites comme le Maitron (dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social) proposent des fiches biographiques, des témoignages, des index nominatifs.

Sur Généanet, certains contributeurs ont mis en ligne des arbres collaboratifs centrés sur des réseaux de Résistance, des groupes FTP, ou des filières d’évasion. Cela peut être une piste à croiser avec ses propres branches. Les forums de discussion sur la Seconde Guerre mondiale sont également utiles : des internautes passionnés peuvent parfois identifier un insigne, une unité, ou une date obscure.

Et puis il y a les témoignages oraux, les biographies régionales, les plaques commémoratives au détour d’un village. On ne compte plus les familles qui, en lisant un livre local ou en tombant sur une stèle, découvrent qu’un oncle, un cousin, un grand-père, a « fait quelque chose ». C’est là que la généalogie devient une enquête policière à travers le temps, où chaque piste, chaque prénom, chaque pseudonyme peut mener à un destin oublié.

 

 

Les sources sur la collaboration

Si la résistance est discrète, la collaboration, elle, a souvent laissé des traces plus visibles, justement parce qu’elle s’inscrivait dans les structures officielles. Là aussi, les archives sont nombreuses, mais elles doivent être abordées avec une certaine éthique familiale. On ne cherche pas un « collabo » comme on cherche un poilu. Les accusations de collaboration ont parfois été utilisées à des fins politiques, et il est essentiel de faire preuve de prudence et de rigueur. Il faut s'appuyer uniquement sur des preuves documentées, et éviter les rumeurs et les témoignages non vérifiés.

Le point de départ est souvent un dossier judiciaire. À la Libération, de nombreuses personnes ont été poursuivies pour faits de collaboration, environ 300.000 Français.

Pour juger les responsables de haut rang du régime de Vichy, la Haute Cour de justice fut rétablie. En ce qui concerne les autres citoyens, des cours de justice furent instaurées en juin 1944 afin de traiter les crimes les plus graves. Les individus dont l'attitude collaborationniste était considérée comme moins grave furent jugés par des chambres civiques.

Ces procédures ont laissé des traces dans les archives judiciaires départementales, notamment dans les fonds de la Cour de Justice, ou dans les dossiers du Parquet. Certaines affaires ont été très médiatisées, d’autres sont restées confidentielles. Ces dossiers contiennent souvent des pièces passionnantes : dénonciations, interrogatoires, pièces à conviction, lettres d’excuses… Les archives ont été ouvertes au public de manière plus large à partir de 2015, à la suite de la première grande exposition sur la collaboration organisée par les Archives Nationales en 2014.

Je me souviens de ce lecteur du blog qui avait retrouvé, dans les archives du Nord, le dossier d’un arrière-grand-oncle, maire nommé par Vichy, condamné pour collaboration économique avec l’occupant. Son dossier montrait les tensions d’un village pris dans la guerre : des voisins accusateurs, des témoins hésitants, une famille qui veut tourner la page.

En France :

Les archives de la Justice militaire ou SHD, à Vincennes : Elles conservent les dossiers des procès de collaborateurs au sein des forces armées, jugés après la guerre par les tribunaux militaires ou par les juridictions d'exception, comme la Haute Cour de Justice, ou les cours martiales. Ces dossiers peuvent contenir des informations détaillées sur les faits reprochés aux accusés, les témoignages, les pièces à conviction, etc. Les dossiers relatifs aux jugements étant plutôt conservés au Dépôt central des archives de la justice militaire, qui se trouve au Blanc (36).

Les Archives départementales : Elles peuvent conserver des documents relatifs à l'épuration administrative :
- Les archives des commissions d'épuration : Elles concernent les fonctionnaires, les enseignants, les journalistes, etc., soupçonnés de collaboration.
- Les dossiers d'indignité nationale : Ils concernent les personnes privées de leurs droits civiques en raison de leur attitude pendant la guerre.
- Les documents relatifs aux confiscations de biens : Ils concernent les personnes condamnées à la confiscation de leurs biens en raison de leur collaboration économique.

Les fonds des préfectures regorgent aussi de rapports, de correspondance avec le gouvernement de Vichy, de fichiers sur les mouvements de population, les réquisitions, les réfractaires au STO (Service du travail obligatoire).

Le fonds des Renseignements généraux : Ces archives, conservées aux Archives nationales dans les séries M ou W, sont particulièrement sensibles et ne sont accessibles que dans certains cas et avec dérogation. Elles peuvent contenir des informations sur les activités des collaborateurs, les dénonciations, les filatures, des portraits d’individus considérés comme suspects, ou à l’inverse comme fiables aux yeux de Vichy ou de l’occupant, etc.

On m'a dit qu'il ne faut pas hésiter à descendre aussi dans les strates administratives locales. Les archives communales peuvent parfois conserver des registres de conseils municipaux durant l’Occupation, qui mentionnent des décisions prises sous l’autorité allemande ou de Vichy. Ces mentions permettent parfois d’identifier des figures locales impliquées dans l’administration collaborationniste.

Il est également important de noter qu'en matière de collaboration économique, les documents pertinents sont conservés au Centre des archives économiques et financières (CAEF), à Savigny-le-Temple (77). Au sein des différentes administrations, des commissions d'épuration départementales furent mises en place dans le but de juger les fonctionnaires, tels que les employés des postes ou les enseignants. Pour consulter les dossiers relatifs à ces cas, il convient de se référer aux séries F17 et AJ11 des Archives nationales, ou d'effectuer des recherches au sein des archives départementales. Par ailleurs, la consultation de la presse de l'époque ou des archives de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), disponibles à la Bibliothèque nationale de France à Paris, peut s'avérer utile.

 

 

En Belgique, ce sont un peu plus de 53.000 personnes qui ont été condamnées au 31 décembre 1949, sur 400.000 dossiers de collaboration ouverts :

Les dossiers de la répression de la collaboration : Ils sont conservés aux Archives de l'État et concernent les procès des collaborateurs jugés après la guerre par les tribunaux militaires belges. Ils peuvent porter sur différents types de collaboration : collaboration administrative (participation aux institutions mises en place par l'occupant), collaboration économique (fourniture de biens ou de services à l'occupant), collaboration politique (appartenance à des mouvements pro-nazis comme Rex, Vlaams Nationaal Verbond, etc.).

Les archives des commissions d'enquête d'après-guerre : Elles ont été chargées d'enquêter sur les faits de collaboration et de proposer des sanctions.

Les dossiers de la Sûreté de l'État : Ces archives, également conservées aux Archives de l'État, peuvent contenir des informations sur les personnes ayant joué un rôle actif dans la collaboration : dénonciateurs, espions, membres de milices pro-nazies, etc.

On voit bien que c'est un véritable dédale...

 

 

Analyser et croiser les sources

Il n'est pas évident pour nous, qui ne sommes pas spécialistes, de nous y retrouver, tant les sources sont fragmentées. Il parait que si vous n'avez aucune information, la première à chose à faire est de consulter les archives de la police.

Un nom qui apparaît dans une base de données, un témoignage familial, un document d'archives... aucune source isolée ne suffit à établir une vérité historique. Le travail du généalogiste est de recouper les informations, de les analyser de manière critique, de les replacer dans leur contexte.

Les étapes de l'analyse :
- Vérifier la cohérence chronologique : Les dates, les lieux, les événements doivent s'accorder entre les différentes sources. Un ancêtre ne peut pas avoir été à deux endroits différents au même moment ! Eh oui, puissant, non ?
- Recouper les documents : Un témoignage familial doit être confronté aux documents d'archives. Une décoration militaire doit être corroborée par un dossier de résistant. Un jugement de collaboration doit être mis en perspective avec les circonstances de l'époque.
- Distinguer les faits des allégations : Les rumeurs, les soupçons, les accusations doivent être traités avec prudence. Seuls les faits avérés, étayés par des preuves documentées, doivent être retenus. Malheureusement, il vaut mieux ignorer le reste... 

 

 

Valoriser ces découvertes dans Généatique

Votre logiciel de généalogie est un outil précieux pour organiser et mettre en valeur vos découvertes.

Voici quelques conseils :
- Créez des évènements personnalisés si plusieurs de vos ancêtres sont concernés : Utilisez la fonction "Évènement" de Généatique pour enregistrer les faits marquants de la vie de votre ancêtre pendant la guerre : "Engagement dans la résistance", "Arrestation par la Gestapo", "Déportation", "Procès pour collaboration", "Condamnation à l'indignité nationale", etc. Il suffit de créer de nouveaux évènements.
- Utilisez les notes illustrées : Intégrez des scans de documents d'archives, des photos, des lettres, des témoignages, etc., dans les notes de votre logiciel. Cela donnera plus de vie à votre récit familial. Si un seul de vos ancêtres nécessite les évènements cités juste au-dessus, il suffira de tout détailler dans une note. je vous rappelle au passage qu'on peut choisir d'inclure les notes, ou certains types de notes, dans les documents générés par le logiciel.
- Ajoutez une source complète : Indiquez précisément la référence de chaque document d'archives : nom du dépôt, cote, numéro de dossier, etc. Cela permettra à d'autres chercheurs de retrouver facilement les sources que vous avez utilisées.
- Liez chaque évènement à une source, à une image, à un lieu précis.
- Créez des arbres thématiques ou des chroniques familiales, où l’on raconte ces parcours dans un contexte plus large.
- Pour les résistants reconnus : insérez un lien direct vers les fiches individuelles disponibles sur les sites Mémoire des Hommes ou les bases de données du CegeSoma.

 

 

 

Et après ? Écrire, transmettre, témoigner

Ce qui rend cette recherche si particulière, c’est que les familles sont rarement d'un seul côté. Il n’est pas rare de découvrir dans une même branche des parcours opposés : un jeune résistant et son oncle pétainiste, une tante dans la Croix-Rouge, désobéissant aux consignes officielles, et un cousin travaillant pour les Allemands. La guerre divise, mais l’histoire réunit. En tant que généalogiste, notre rôle est de documenter, pas de juger. Mais aussi de comprendre le contexte, les choix, les ambiguïtés.

Je recommande d’aborder cette recherche avec beaucoup de respect vis-à-vis des vivants. Il faut éviter les révélations abruptes, mais aussi éviter de cacher les faits. L’Histoire appartient à tout le monde, même dans ses heures sombres.

Une fois votre recherche terminée, plusieurs options s'offrent à vous pour valoriser votre travail :
- Rédigez une notice biographique : Écrivez un récit détaillé de la vie de votre ancêtre pendant la guerre, en mettant en lumière son engagement, ses épreuves, ses choix.
- Contribuez aux bases collaboratives : Partagez vos découvertes sur les sites de généalogie collaborative (Geneanet, Filae, MémorialGenWeb). Cela permettra à d'autres chercheurs de bénéficier de votre travail.
- Déposez une copie de vos recherches aux archives locales : Offrez une copie de votre travail de recherches aux archives départementales ou communales. Cela enrichira les fonds documentaires sur l'histoire locale.
- Intégrez cette histoire dans une publication familiale : Publiez un livre, un livret ou un site Internet consacré à l'histoire de votre famille. La période de la Seconde Guerre mondiale y trouvera une place de choix.
-  Et surtout Parlez : Ne gardez pas ces histoires reconstituées pour vous. Partagez-les autour de vous, dans votre famille, avec vos amis. Ce type de recherche redonne chair à des vies anonymes, éclaire les choix souvent complexes de ceux qui ont traversé cette période noire. En les racontant, vous leur rendez hommage. Vous participez au travail de mémoire, si essentiel pour comprendre notre passé et construire notre avenir.

 

 

Rechercher les traces d'un ancêtre résistant ou collaborateur, c'est un peu comme soulever une pierre lourde et ancienne dans un jardin familial. On ne sait jamais ce qu'on va y découvrir : de la fierté, de l'émotion, du trouble parfois. On découvre des hommes et des femmes pris dans la tourmente de l'histoire, confrontés à des choix impossibles, contraints de composer avec l'occupant ou de risquer leur vie pour la liberté. Le généalogiste devient alors un passeur de mémoire, un historien de l'intime, chargé de transmettre ces récits aux petits cousins ou descendants directs.

À vous maintenant de réveiller cette mémoire, en historien de votre propre famille, avec toute votre humanité. À vous de partir à la recherche de ces héros ordinaires et de ces figures controversées qui se trouvent dans votre arbre généalogique. Votre quête sera peut-être longue et ardue, ou incomplète, mais elle sera riche en enseignements et en émotions. Et au bout du chemin, vous aurez la satisfaction d'avoir accompli un devoir de mémoire, d'avoir rendu justice à ceux qui vous ont précédé. 

 

Voici quelques liens utiles

Aux archives Nationales, vous trouverez un résumé de tout ce qu'ils détiennent et aussi une page spécifique sur la déportation dans les camps nazi.

Allez, je vous laisse, merci de m'avoir suivie pour ce sujet un peu compliqué.

A dans deux semaines

dimanche 6 avril 2025

Les mystères des enfants trouvés

Si la généalogie nous réserve parfois des enquêtes dignes des plus grands romans d’Agatha Christie, il y en a qui sont plus compliquées que d'autres. Parmi elles, la recherche des origines d’un enfant trouvé ou abandonné figure en bonne place. Les enfants trouvés sont comme des fantômes du passé : leur histoire est fragmentaire, leur identité incertaine, et leur place dans l’arbre familial ressemble souvent à une case vide. Pourtant, avec patience et méthode, il est possible de reconstituer une partie de leur parcours. Voici quelques pistes.

 

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dimanche 23 mars 2025

Le rôle essentiel des associations de généalogie

 

Bonjour à tous les fous de généalogie !

Comme vous le savez certainement, un généalogiste n'a jamais trop de sources d'informations pour en apprendre plus sur ses ancêtres. Mais encore faut-il les connaître, et savoir comment en tirer le meilleur parti. Aujourd'hui, je voudrais discuter un peu des associations de généalogie. Les cercles et associations se sont adaptés aux défis de l'ère numérique et à la mobilité géographique de leurs membres et adhérents, devenant des alliés indispensables pour tous ceux qui souhaitent explorer leur arbre généalogique. Je vais regarder en détail comment ces associations en France et en Belgique soutiennent les généalogistes amateurs, en particulier ceux qui n'habitent pas les régions d'origine de leurs ancêtres, les formations qu'elles proposent aux débutants, et la vaste étendue de la documentation historique qu'elles conservent.

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dimanche 9 mars 2025

Tout ce que nous devons aux Mormons

La généalogie a connu de nombreuses évolutions au fil des siècles. Parmi les acteurs majeurs de cette transformation, les mormons occupent une place particulière. Je n'en ai pas trop parlé il y a quelques semaines (article sur l'histoire de la généalogie), mais il est clair que leur influence, bien que souvent méconnue, a profondément marqué le domaine de la généalogie. Essayons ensemble de comprendre comment et pourquoi les Mormons ont joué un rôle si crucial.

 

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jeudi 6 mars 2025

Venez nous voir au Salon de Généalogie de Paris XVe et profitez des offres limitées

Notez bien dans vos agenda le Grand Salon de Généalogie la semaine prochaine !

Du jeudi 13 mars à 14 h au samedi 15 mars à 17h.

 

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dimanche 23 février 2025

L'Intelligence Artificielle : la nouvelle loupe du généalogiste moderne

L'intelligence artificielle (IA, se dit AI en anglais, ce qui explique quelques confusions) est en train de transformer de nombreux aspects de notre vie quotidienne, y compris la généalogie. Nous sommes confortablement installé dans notre fauteuil préféré, une tasse de thé fumant à la main (ou de café si vous préférez), et nous décidons de plonger dans l'histoire de notre famille. Faisons ensemble un bond dans le temps et imaginons-nous  devant notre PC, une intelligence artificielle à nos côtés, déchiffrant des actes de naissance vieux de 300 ans en un clin d'œil. Bienvenue dans l'ère de la généalogie 3.0, où l'IA devient notre meilleur allié pour démêler les branches de notre arbre généalogique !

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dimanche 9 février 2025

Petite histoire de la généalogie

Chers amis généalogistes,

Nous sommes tous d'accord que la généalogie est la science qui étudie les filiations des personnes et des familles. Mais savez-vous comment elle est née et a évolué à travers les siècles ? Je vous raconte cela, des traditions orales des sociétés anciennes aux technologies numériques les plus modernes, car la généalogie a traversé les époques, évoluant sans cesse pour répondre à notre besoin fondamental de connaître nos racines.

 

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dimanche 26 janvier 2025

Dubois ? Martin ? Pas de panique, on a les astuces !

 

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