La Saint-valentin est devenue la célébration officielle des couples, le seul jour de l’année où les partenaires sont presque obligés de prouver leur amour de manière tangible.
D’où cette fête vient-elle ?
- Origine romaine
L’histoire de cette fête remonte à fort longtemps : tout commence à l’époque romaine par les célébrations sacrées des Lupercales (parce que dédiée au dieu de la fécondité Lupercus), qui avaient lieu les 15 février. Le peuple se livrait à des sacrifices d’animaux et les hommes déguisés ou dénudés dansaient et fouettaient avec des liens de cuir le ventre des femmes, le symbole de leur fertilité, le tout accompagné de viols publics et suivi des bacchanales, les beuveries traditionnelles, pour favoriser la reproduction et la création de nouveaux couples.
L’Eglise chrétienne cherche à contrer ces coutûmes paiennes à partir de l’élection du pape Gélase I, très pieux, et qui souhaite changer les choses. Il commence par définir un code de comportements irréprochables et interdit aux chrétiens de participer à ces débauches licentieuses. Puis le pape crée le 2 février une fête de la Purification de la Sainte vierge. Après avoir constaté le manque d’effet sur l’assagissement de la population romaine, l’Eglise chrétienne invente ensuite une fête le 14 février pour l’un des 8 saints Valentin (au moins) de son histoire… L’homme aurait été prêtre au 3e siècle : il aurait officié en toute clandestinité et aurait béni les mariages à une période où les mariages des soldats étaient interdits, ce qui lui aurait valu l’emprisonnement pendant le règne de Claudius II, puis la décapitation un 14 février entre 270 et 280. J’utilise le conditionnel ici car vous pourrez trouver de nombreuses variantes de cette partie de l’histoire.
En tout cas, ce saint, qui symbolise la santé (éthymologiquement Valentin vient du grec "ouleo" signifiant ce "qui est entier" et donc "en bonne santé"), l’amour mais aussi la bonté, est souvent représenté avec une palme et une épée, qui sont des symboles du mariage.
Malheureusement les habitants de Rome continuent leurs célébrations traditionnelles, y ajoutant la journée du 14 février où des fêtes libertines prétendent rendre hommage à Saint Valentin. On organise des loteries amoureuses où les couples formés reçoivent les surnoms de Valentine et Valentin.
- Au Moyen-âge
Cela continue au Moyen-âge où à l’occasion de grands banquets, des jeunes hommes tirent une jeune fille au sort et passent la nuit avec elle.
Pour le traditionnel « Valentinage », une jeune fille est associée avec un homme durant une journée et sont censés s’offrir des cadeaux et s’écrire des poèmes d’amour, dans la tendance de l’amour courtois.
On attribue d'ailleurs l’initiative des cartes de Saint-Valentin à Charles d'Orléans, en captivité à Londres après la bataille d'Azincourt (1415). Le prince se serait inspiré du Valentinage pour écrire et envoyer un poême à son épouse restée en France à l'occasion de la Saint-Valentin.
C’est le pape Alexandre VI qui officialise vers 1500 Saint Valentin comme saint patron des amoureux.
Entre temps, une légende est née autour du Saint : en prison, il aurait été séduit par les beaux yeux de la fille aveugle d’un de ses geoliers. Le prêtre lui aurait fait parvenir une note d’adieu signée “Ton Valentin” avant son exécution et cela aurait par miracle rendu la vue à la demoiselle.
J’ai aussi lu que le 14 février aurait correspondu à la période médiévale au jour où les oiseaux se reproduisaient le plus en Angleterre… Cela renvoie là-aussi à une célébration du printemps et de la fécondité.
La fête célébrait dans ce temps-là également les amitiés.
- Et depuis ?
Dans la période moderne, la tradition des poêmes d’amour puis des lettres, dessins et cartes de Saint-Valentin se développe en Angleterre
Puis cette tradition gagne les Etats-unis vers 1850 où elle se répand avec succès, avec la vente de cartes et revient plus tard en France à l’occasion du séjour en France des soldats américains dû à la Seconde Guerre Mondiale.
Mais ce n’est que vers la fin des années 1950 que cette fête s’installe réellement, grâce à la conjonction de l’amélioration de la situation économique et la libération des moeurs. Elle devient alors en France le jour de la célébration des couples uniquement, alors qu’au Canada et aux Etats-Unis, l’amitié n’y est pas oubliée.
Le caractère religieux de cette fête a diminué fortement au cours du XXe siècle, et en 1969, le pape Paul VI retira cette fête du calendrier liturgique catholique romain, celle-ci étant redevenue totalement paienne.
Et sur le plan généalogique, cette fête correspond-elle à quelque chose ?
La question de savoir si la fête de la Saint-Valentin entraîne une augmentation des naissances est un sujet intéressant qui a suscite beaucoup de débats et de recherches. Il est tentant de croire qu'une journée dédiée à l'amour et à la romance pourrait inciter davantage de couples à concevoir un enfant mais que disent les chiffres ?
Pas de pic des naissances :
Je suis allée examiner les statistiques des naissances dans mon logiciel de généalogie Généatique : que ce soit sur tous mes cousins nés après 1950
ou sur la totalité de ma base d’ancêtres, on ne constate qu’une petite augmentation des naissances en novembre (9 mois après le 14 février), par rapport aux autres mois de l’année, ce qui pourrait aussi correspondre à une augmentation liée à des conceptions pendant les mois froids de l’hiver.
L’INSEE a constaté un déplacement important entre les années 1850 et aujourd’hui du pic des naissances. Alors qu’il se situait sur les mois de Février et Mars dans la deuxième moitié du XIXe siècle, il s’est peu à avancé et diffusé vers les mois de Juillet à Octobre en 2019. Cette absence d’augmentation des naissances ne peut pas non plus être justifiée par le Carême Catholique, période pendant laquelle l’Eglise décourageait les relations sexuelles, car le 14 février s’y trouve rarement…
Il me semble donc que cette journée de Saint Valentin n’est plus, à l’époque contemporaine, une journée particulière pour la fécondité. Je trouvais l’idée d’un mini "baby boom" post-Saint-Valentin amusante mais il faut l’abandonner.
Un prénom qui reste rare :
D’autre part, je n’ai trouvé que 2 “Valentin” et 13 “Valentine” sur près de 7000 personnes dans la Table des prénoms de mon logiciel. Cela se résume à 0,21%, c’est peu mais cela correspond exactement à l’estimation du nombre de personnes portant ces prénoms dans la population actuelle, qui est de 0,20%. Curieux, non ?
Et vous, amis généalogistes, avez-vous fait des déductions intéressantes autour de ce sujet au cours de vos recherches ?
Question subsidiaire : Arrivez-vous à utiliser la partie Statistiques du logiciel ou souhaitez-vous un complément d’informations sur le sujet ? Si oui, manifestez-vous par le formulaire de contact ou le compte Facebook de Généatique
Pour terminer, je vais juste souhaiter à tous les amoureux en général et aux amoureux de la généalogie en particulier, comme moi, de belles soirées en tête à tête ! Et pas seulement à la Saint-Valentin !